Je m’interroge

Bonjour Sandra,

Dans votre question, vous renvoyez dos à dos le passage à l’acte de votre proche et l’affection qu’il vous portait, comme si l’un aurait dû empêcher l’autre. Les émotions que nous ressentons sont complexes, pourquoi devraient-elles s’exclure ?

Parfois, certaines personnes ayant des idées suicidaires ou présentant des symptômes dépressifs semblent préférer cacher leur mal-être à leurs proches par crainte de les blesser, de les inquiéter ou par peur d’être un fardeau. Lors d’une crise suicidaire, il a été montré que la souffrance ressentie pour la personne est telle qu’elle n’est plus capable d’entrevoir d’autres solutions pour mettre fin à son mal-être. À ce moment-là, la présence des proches et l’amour qu’elle leur porte ne lui paraîtrait plus suffisants. 

Nous imaginons à quel point il peut être douloureux d’avoir l’impression que votre présence et votre amour n’aient pas suffit à empêcher le passage à l’acte, et donc d’avoir en quelque sorte été abandonné. Il est légitime que vous vous sentiez ébranlé et blessé, que vous soyez traversé par de nombreuses émotions telles que la colère vis-à-vis de votre proche disparu. C’est une émotion fréquente et naturelle qu’on retrouve au sein du processus de deuil. 

Si cela vous intéresse, vous pouvez peut-être prendre un temps pour lire l’article suivant : Ce que vous pouvez ressentir

L’équipe ESPOIR

Bonjour Léonie, 

Nous vous remercions pour votre question. Nous entendons votre souffrance et nous vous assurons qu’il est fréquent de se demander pourquoi l’amour porté au proche n’a pas suffi à lui redonner espoir dans la vie, à lui permettre de lutter contre sa souffrance et à dissiper les émotions négatives. Survivre à un proche n’est jamais évident, surtout lorsqu’il s’agit d’un décès par suicide.

Lors de la crise suicidaire, la personne éprouve une telle souffrance que le passage à l’acte semble être la seule option pour y mettre un terme. L’amour et la présence des proches ne sont alors plus accessibles et la personne se retrouve en incapacité de concevoir d’autres alternatives.

Le suicide vient alors faire violence auprès de tous ceux qui connaissaient la personne décédée. C’est un véritable bouleversement psychique et émotionnel qui conduit à une perte de repères. Les proches peuvent se sentir submergés par de multiples questionnements. Il n’est alors plus évident de savoir à quoi se fier et tout est remis en question, souvent en partant de soi. Les derniers moments sont ressassés et il est fréquent que les proches perçoivent une faille dans leurs attitudes, menant à un sentiment de culpabilité important.

Il peut être difficile d’avoir cette impression qu’en changeant certains détails du récit, ce drame ne se serait peut-être pas produit. Toutefois, il est à peu près certain que vous avez fait de votre mieux dans les moments où vous avez été présente, que vous avez cherché à donner tout l’amour que vous étiez en mesure de lui donner lorsque votre proche en avait besoin.

Ces questionnements sont fréquents dans le deuil après suicide et peuvent en devenir presque obsédants. Si vous avez du mal à surmonter cette épreuve, vous avez la possibilité de vous tourner vers un professionnel pour être accompagnée et soutenue dans votre travail de deuil. Il existe également des groupes de soutien pour les personnes endeuillées par suicide, où vous aurez la possibilité de partager vos questionnements et votre vécu.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Dominique,

La culpabilité est un sentiment largement partagé dans la communauté des personnes endeuillées par suicide. Il peut être plus fort du fait du sentiment de responsabilité portée par les proches des personnes décédées par suicide. Cette émotion peut émerger parfois bien plus tard car un deuil n’est pas un processus fixe dans le temps. Certains événements présents peuvent faire écho à des vécus plus anciens et donc réactiver des angoisses ou des blessures qui ont pu être laissées de côté à  l’époque. Certains font référence à  une forme de ‘‘deuil différé’’. Il arrive par exemple que le fait d’atteindre ou de dépasser l’âge auquel la personne s’était suicidée puisse avoir un retentissement psychologique et émotionnel important. Les questionnements ou les émotions négatives peuvent alors refaire surface de manière très intense.

Lorsque vous vous demandez comment il est possible de vivre avec deux parents suicidaires, nous pouvons entendre que cela peut susciter des interrogations sur l’héritage que vous portez. En effet, nous imaginons à  quel point cela a dû être difficile pour vous, en tant qu’enfant, de grandir dans ce contexte-là. Vous avez dû être confronté à  une forme d’incompréhension vis-à-vis de ce que vivaient vos parents. Et alors, la culpabilité peut être utilisée comme une tentative de mettre du sens sur un vécu qui serait trop douloureux, trop brut pour être intégré de manière cohérente dans votre histoire.

Aujourd’hui, vous vous voyez adulte et vieillir peut parfois amener de nombreux questionnements sur le passé et le présent. À cet âge et au vu de votre histoire, il pourrait être intéressant pour vous de vous rapprocher d’un professionnel de santé, afin d’aborder les émotions désagréables qui vous traversent. Vous pouvez par exemple, consulter les témoignages des personnes endeuillées sur ESPOIR, notamment celui de Jean dont un parent s’est suicidé alors qu’il était très jeune. Concernant les émotions et sentiments telles que la culpabilité qui nous traversent, voici quelques ressources :

https://espoir-suicide.fr/sinformer/ce-que-vous-pouvez-ressentir/

https://espoir-suicide.fr/sinformer/deuil-apres-suicide-definition-manifestations-processus/

https://espoir-suicide.fr/temoignages/le-temoignage-dalice/

L’équipe ESPOIR

Bonjour Aubin,

Vous vous interrogez sur l’impact de l’histoire et de l’environnement familial dans le vécu du deuil après suicide. La question que vous soulevez ici est un sujet de recherche dans plusieurs milieux de recherche, dont la génétique, la psychologie clinique ou encore l’anthropologie et la philosophie. Nous nous abstiendrons ici au et au positionnement de la psychologie clinique. 

Tout d’abord, rappelons que la plupart des troubles mentaux ont une triple composante sociale, psychologique et biologique. Certains traits ou pathologies peuvent se transmettre au sein d’une famille d’une génération à l’autre. Nous pouvons donc retrouver des similarités entre les individus d’une même famille d’une génération à l’autre. 

Certains événements très douloureux et vécus avec violence peuvent faire traumatisme au sein d’une famille. S’il n’est pas possible de parler et de penser cet événement, celui-ci pourra devenir un « secret de famille ». On peut retrouver divers symptômes chez les héritiers du secret, tels que des pathologies ou des attitudes et conduites pour lesquelles il paraîtra difficile de mettre du sens. 

Afin de réintégrer l’événement traumatique dans l’histoire familiale et d’éviter la répétition du trauma, il faudrait pouvoir remettre en mouvement la pensée et relancer la parole autour de l’événement venu faire traumatisme. Autrement dit, se donner la possibilité d’en parler.

Toutefois, il ne s’agit que d’éléments théoriques. Si vous avez le sentiment que la perte de votre proche résonne avec d’autres événements familiaux qui n’auraient pas pu être élaborés, vous avez la possibilité de vous tourner vers un professionnel du soin. Celui-ci pourra vous accompagner et soutenir dans votre démarche d’introspection personnelle. 

Si cette thématique vous intéresse, nous vous invitons à consulter les ressources suivantes : Les secrets de famille de Serge Tisseron ; Aïe, mes aïeux d’Anne Ancelin Schützenberger. 

Vous pouvez également aller voir ce court entretien de Verónica Estay Stange autour de “la postmémoire” : “Nous sommes hantés par la mémoire de nos ancêtres”

L’équipe ESPOIR

Bonjour Irène,

Nous saluons le courage dont vous faites preuve en évoquant le suicide de votre père.  Nous entendons votre besoin de comprendre pourquoi il aurait choisi de mettre fin à ses jours précisément là où il aurait pu être découvert par ses proches. 

Il est compréhensible que vous vous posiez cette question tant la découverte du corps d’un être aimé peut être une expérience traumatisante. Nous imaginons à quel point cette question peut être présente dans votre esprit du fait qu’elle reste sans réponse.

En effet, la violence que constitue le suicide d’un proche laisse les émotions et le psychisme à vif. Souvent, les personnes endeuillées éprouvent le besoin de comprendre et de mettre du sens sur cet évènement, qu’il s’agisse des circonstances du décès ou des raisons qui l’y ont poussé. La douleur semble alors résider dans l’état d’impuissance et d’incompréhension dans lequel se trouve la personne endeuillée. 

Ce que nous savons sur le processus de la crise suicidaire, c’est qu’il arrive à un moment où la personne n’est plus en capacité de concevoir d’autres moyens pour apaiser sa souffrance. Dans ces circonstances, pouvoir penser l’impact et les conséquences de son acte sur ses proches lui serait alors impossible. Toutefois, la réalité est toujours plus complexe et chaque personne vit son deuil à sa manière. 

Le deuil par suicide est un long chemin jalonné de “pourquoi” et de “et si…”. Au fil du temps, vous pourrez renoncer à ce besoin impérieux de comprendre car ces pensées seront moins présentes. Il n’y a malheureusement pas de “bonne raison” tout comme il s’avère difficile d’avoir la bonne réponse à ces questions. Vous y trouverez des réponses différentes suivant les émotions que vous traversez à différentes périodes. Ces va et viens de questions vous mèneront un jour, nous l’espérons pour vous et avec vous, vers une interprétation plus apaisante pour vous de cet événement.

Si cela peut vous aider, voici quelques pistes de réflexion : La crise suicidaire, Ce que vous pouvez ressentir

L’équipe ESPOIR

Bonjour Christiane,

Cette question revient régulièrement chez les personnes endeuillées par suicide. L’idée qu’un être cher puisse s’ôter la vie n’est pas quelque chose qui vient naturellement à l’esprit. En effet, le suicide reste un sujet tabou et bien souvent le cerveau écarte cette possibilité pour ne pas vous bouleverser. La question que vous vous posez revient régulièrement chez les personnes endeuillées par suicide, et traduit généralement un fort sentiment de culpabilité ou de honte. Ce sont des sentiments inhérents au processus de deuil, c’est pourquoi certains éléments de compréhension de la crise suicidaire peuvent parfois aider à atténuer cette douleur.

Dans une crise suicidaire, la personne a la sensation qu’elle ne sera comprise par personne. Des idées suicidaires émergent plus ou moins rapidement et le passage à l’acte apparaîtrait alors comme l’unique solution pour mettre fin à la souffrance. Le laps de temps durant lequel il est possible d’identifier ce moment de crise est souvent très court et ne permet pas toujours d’intervenir en conséquence. En réalité, il s’avère toujours difficile de discerner un sentiment de mal-être passager chez un proche d’une vraie crise suicidaire.

Ce questionnement ne signifie pas que vous soyez responsable ou que vous n’avez pas été à la hauteur car les personnes endeuillées par suicide se blâment très régulièrement. Pourtant, dans bien des cas, les idées suicidaires se vivent dans la solitude. Peu de personnes en parlent ouvertement à leurs proches, souvent dans le but de ne pas les inquiéter. Dans l’après-coup, vous pouvez ressentir de la colère envers vous-même de n’avoir rien vu ou même de la culpabilité de n’avoir rien fait. Mais sur le moment, vous avez certainement agi de la meilleure manière que vous pensiez pouvoir faire.

Il est normal que vous cherchiez à comprendre pourquoi vous n’avez pas pensé au suicide, mais malheureusement, ces passages à l’acte laissent souvent plus de questions que de réponses. Même si cela est difficile, accepter que vous ne puissiez jamais tout à fait comprendre est un moyen de vous protéger et d’avancer dans votre deuil. Peut-être que le fait de partager votre vécu auprès d’autres personnes ayant aussi perdu quelqu’un par suicide vous permettra de mieux appréhender votre perte douloureuse.

Enfin, il existe une brochure formulée par l’UNPS (Union Nationale de Prévention du Suicide) qui décrit les différents émotions associées au deuil que je vous invite à lire et que vous pouvez retrouver sur cette page, en cliquant sur « vous êtes en deuil après un suicide » : https://www.unps.fr/nos-publications-_r_77.html

L’équipe ESPOIR

Bonjour Luc,

Vous vous demandez si vous auriez pu faire quelque chose pour éviter le suicide de votre proche ou bien si vous avez fait quelque chose qui aurait contribué à son passage à l’acte. La violence du suicide est telle que l’événement ne peut rester sans explications. Une quête de sens anime souvent les endeuillés par suicide car de nombreux repères disparaissent avec le décès de la personne. Le proche peut se demander ce qu’il a pu ou aurait dû faire, cherchant à savoir s’il a contribué d’une manière ou d’une autre à cet événement tragique.

Les auteurs se rejoignent pour dire que le passage à l’acte suicidaire est lié à de nombreux facteurs. Ce qui pousse à la crise suicidaire est une accumulation de facteurs de fragilisation, qui remontent parfois à l’enfance. Les proches n’ont alors que peu de marge de manœuvre pour prévenir le passage à l’acte.

Cette quête de sens est naturelle et tout à fait légitime, nécessaire pour s’approprier cet événement tragique. Au fil du temps et en passant parfois par l’aide d’un professionnel, vous pourrez renoncer à ce besoin de trouver des réponses. Vous trouverez le moyen de créer votre propre interprétation et compréhension des événements, vos sentiments de culpabilité et d’échec s’apaiseront.

Enfin il existe une brochure formulée par l’UNPS (Union Nationale de Prévention du Suicide) qui décrit les différents moments du deuil que je vous invite à lire et que vous pouvez retrouver sur cette page, en cliquant sur « vous êtes en deuil après un suicide » : https://www.unps.fr/nos-publications-_r_77.html

L’équipe ESPOIR

Bonjour Olivier,

La perte d’un enfant est particulièrement difficile et nous comprenons votre chagrin. L’entourage, notamment professionnel, peut avoir du mal à se comporter de façon adéquate et ne sait parfois pas comment il doit agir.

Concernant vos problématiques de deuil liées au travail, l’association Empreintes a construit un guide pratique à cet effet. Vous le trouverez sur le lien suivant : https://www.empreintes-asso.com/guide-deuil-au-travail/

Il n’y a pas de manière facile ou clés en mains que cela soit pour vous ou vos salariés de faire passer ce malaise. Ces derniers ne savent sans doute pas comment se comporter et partagent sûrement votre grande peine. Ils aimeraient sûrement vous aider et vous soutenir, mais ne savent pas comment faire et craignent de vous blesser ne serait-ce qu’en abordant le sujet. En revanche, lorsque vous vous sentirez prêt, vous pouvez vous, évoquer avec eux le sujet et leur expliquer comment vous aimeriez qu’ils se comportent à votre égard. Ou les rassurer sur votre relation à ces derniers.

S’agissant de votre deuil, nous vous invitons à vous rapprocher de groupes de parole, l’association Empreintes propose des groupes de parole en ligne si vous n’habitez pas Paris. Vous aurez l’occasion de rencontrer des personnes ayant vécu la même expérience que vous au travail ou avec leur entourage. Les conseils de pairs ayant vécu la même expérience sont souvent plus révélateurs et donnent confiance pour prendre des décisions sur une ligne de conduite à tenir avec vos employés. Surtout dans une période comme celle-ci où prendre une décision, réfléchir à une façon cohérente de se comporter, peut demander une énergie conséquente. Ce n’est parfois pas tant ce qu’on va dire que la teneur des propos, les silences, la confiance qu’instaure ce genre de moments qui vont façonner la relation à venir avec vos salariés. Les parents endeuillés par suicide disent souvent qu’il y a un avant et un après. Le décès d’un enfant remodèle les relations parfois même jusqu’au travail.

En espérant que ce message a pu vous donner quelques pistes, n’hésitez pas à revenir vers nous si vous avez d’autres questions.

 L’équipe ESPOIR

Bonjour Maria José,

Merci pour votre confiance et pour votre question. La perte d’un parent par suicide constitue en effet un évènement très déstabilisant pour un enfant, sur le plan du développement émotionnel notamment. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il existait déjà au sein de la famille avant le décès, tel que vous le décrivez pour votre neveu et votre frère.

Accompagner et aider un enfant qui présente des difficultés de régulation n’est pas une tâche facile pour un parent isolé.  Il peut être parfois laborieux de trouver les ressources adéquates, de savoir quels mots utiliser pour aborder au mieux  vos inquiétudes et de conserver un bon lien avec votre neveu sans  entraîner des conflits autour des manifestations de sa souffrance.

Le deuil est une expérience personnelle et complexe, les réactions émotionnelles peuvent donc grandement varier d’un individu à l’autre. La régulation des émotions s’apprend surtout pendant l’enfance et à ce moment-là, ce sont les parents qui constituent les modèles les plus significatifs. Pour votre neveu, il est possible que le renfermement et la colère soient les seuls moyens dont il dispose pour faire face à ce drame. Surtout si sa mère avait également tendance à montrer des comportements similaires.

C’est pourquoi il est crucial dans ce type de situation de conserver une ligne de conduite stable qui consiste à faire part de vos inquiétudes et à partager  votre sentiment que des soins psychologiques et psychiatriques seraient nécessaires, tout en valorisant les réussites de votre neveu et en validant la difficulté qu’il peut rencontrer à évoquer tout cela.

S’il est difficile d’aborder directement le suicide, nous vous conseillons de commencer par aborder des sujets plus larges (l’école, les relations amicales …) pour identifier les points tension et aborder ensuite des sujets spécifiques, autrement dit ce qui préoccupe le plus votre neveu.

La rencontre avec un·e professionnel·le de santé serait probablement très bénéfique pour votre neveu et il ne faut pas hésiter à lui proposer à plusieurs reprises et occasions, en incluant de préférence votre frère dans la discussion. Un refus initial ne signifie pas qu’il sera définitif.

Nous restons disponibles pour vous aider dans cette situation difficile.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Anne-Lise,

Nous entendons votre désarroi face aux difficultés que présente votre fils. La peur de déclencher un conflit avec ce dernier doit rendre votre positionnement d’autant plus délicat.

Tout d’abord, sachez que le deuil est un long processus qui se manifeste différemment en fonction des individus. Ainsi, il est possible que votre fils ait besoin de plus de temps que d’autres pour pleinement intégrer dans son esprit le suicide de son frère. Sur cette période, l’intensité des émotions ressenties peut parfois rendre incompatible le fait d’étudier et le travail du deuil. Le moindre effort intellectuel peut alors devenir très énergivore.

Cette différence individuelle dans le traitement de la perte peut alors créer une incompréhension mutuelle. Cela peut être inquiétant et entraîner de l’incertitude quant à l’attitude qu’il faudrait adopter. Parfois, la peur que cet événement dramatique ne se reproduise est même très présente. Le doute peut alors envahir les personnes en proie à cette crainte. Les nombreuses questions qui submergent l’esprit peuvent bloquer l’action, empêcher la personne d’agir spontanément.

En tant que mère, cela doit être particulièrement éprouvant pour vous. Peut-être qu’à une autre époque, vous auriez trouvé la réponse à votre question de manière spontanée ; mais depuis le suicide de votre fils, les choses ne sont peut-être plus si évidentes. De nombreux parents perdent espoir dans leur capacité à être de bons parents suite à la perte d’un enfant, il est naturel d’éprouver ces sentiments. Ce doute finira certainement par s’estomper au fur et à mesure de l’avancée de votre deuil. Votre perte est encore récente.

Toutefois, si ces difficultés persistent dans le temps et créent des difficultés de communication entre vous et votre enfant, peut-être que l’accompagnement d’un.e psychologue pourra vous aider à reprendre confiance en votre capacité à prendre soin des vôtres. Nous vous invitons à consulter notre rubrique « soutiens existants ».

L’équipe ESPOIR

Bonjour Basile,

Nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous écrire. Vous vous demandez s’il y aurait un intérêt à annoncer la véritable cause de décès de votre ami à votre entourage.

L’annonce d’un décès par suicide est toujours source d’interrogations et de doutes. Aussi est-il tout à fait normal que vous appréhendiez cette annonce et que vous vous demandiez comment votre entourage pourrait recevoir cette nouvelle, surtout si des suicides ont déjà eu lieu autour de vous. Cela peut parfois amener des sentiments de culpabilité avec une crainte de jugement.

En gardant cela en tête, nous pouvons comprendre que vous ayez eu besoin d’omettre certaines informations sur les circonstances de son décès au moment où cela s’est produit. Il est possible de revenir sur cette annonce si vous estimez que cela est important pour vous et vos proches de le savoir. Peut-être pourriez-vous évoquer le sujet avec des personnes avec qui vous vous sentez en confiance, afin de vous aider dans cette prise de décision.

Ces questionnements peuvent parfois être difficiles à vivre seul. C’est pourquoi nous vous encourageons également, si vous en ressentez le besoin, de solliciter l’aide d’un professionnel. Le fait de pouvoir élaborer ses pensées dans un espace neutre peut parfois aider à se dégager de l’appréhension que cela constitue le fait d’en parler à des proches.

Prenez soin de vous,

L’équipe ESPOIR

Bonjour Ludmilia,

Nous vous remercions chaleureusement de nous avoir partagé votre expérience ainsi que vos préoccupations concernant votre fille. Nous comprenons que parler d’un suicide à un proche est une épreuve particulièrement difficile, surtout lorsqu’il s’agit d’un enfant. C’est pourquoi votre témoignage aidera sans doute d’autres personnes endeuillées confrontées à des situations analogues.

Tout d’abord, sachez qu’il est tout à fait normal que vous ne soyez sûre de rien face à cette situation. Il peut être déstabilisant que votre fille vous pose des questions sur cette photo, mais dites-vous que c’est probablement parce qu’elle ressent ce qu’il se passe en vous à l’évocation de votre frère. Le deuil par suicide étant un acte particulièrement traumatique, le besoin de poser des mots sur celui-ci et d’y apporter un sens est essentiel. Il est donc important de répondre aux questions de votre fille, mais de manière adaptée à son âge et à sa compréhension.

Comprenez que ces questions ne visent pas tant à obtenir des détails, mais à comprendre pourquoi votre frère n’est plus là et pourquoi cela vous impacte encore aujourd’hui. Il est donc essentiel de faire un pas de côté et de ne pas donner de détails sur les circonstances du décès, mais de vous concentrer sur la relation que vous entreteniez avec votre frère et ce que sa disparition vous a fait vivre. Vous pouvez par exemple dire que votre frère a pris une décision très triste et dangereuse parce qu’il souffrait beaucoup, et que cela vous a causé une grande peine.

Si elle insiste sur le comment, expliquez simplement que c’était un acte qu’il a fait tout seul et que cela vous a rendue très triste quand vous l’avez retrouvé. Vous pouvez évoquer le fait qu’en parler est parfois difficile, mais que d’autres fois cela vous permet aussi de vous rappeler des bons moments passés avec lui. Vous pouvez lui dire que c’est pour cela que vous gardez une photo de lui et ainsi décrire les circonstances dans lesquelles elle a été prise. Essayez de créer un espace d’échange avec votre fille, encouragez-la elle aussi à vous parler de ses émotions et à poser d’autres questions si elle en a. Répondez-y de manière spontanée et familière, l’important pour votre fille étant d’être en présence d’une personne de confiance qui répond à ses questionnements et incertitudes de manière honnête et sincère. Pour vous aider, vous pouvez utiliser des métaphores. Un exemple souvent utilisé est celui de vagues plus ou moins fortes, faisant tanguer le bateau de votre proche jusqu’à le renverser complètement.

N’hésitez pas à adapter ces réponses en fonction de la réaction de votre fille et de son niveau de compréhension.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Florence,

Merci de poser cette question à laquelle beaucoup de parents endeuillés par suicide sont confrontés. Cette question semble renvoyer autant à votre crainte d’aborder ce sujet douloureux qu’à comment votre enfant réagira ? Quel impact cela aura-t-il sur lui. Ainsi, il est tout à fait légitime et naturel de se demander : est-il nécessaire de lui dire la vérité ? 

Pour commencer, plusieurs auteurs se rejoignent pour dire que les enfants disposeraient de bonnes capacités de résilience, c’est-à-dire qu’ils sont souvent capables de dépasser certains événements douloureux, parfois même plus facilement qu’une personne adulte. 

En libérant la parole sur le suicide, vous permettrez à votre enfant de bénéficier d’un espace d’écoute bienveillant où il pourra déposer et partager sa souffrance, ce qui serait favorable au déploiement du processus de deuil et l’aiderait peu à peu de faire sienne cette expérience tragique et douloureuse. 

Toutefois, nous entendons qu’une telle discussion risque d’être éprouvante et douloureuse autant pour votre enfant que pour vous-même. Aussi, peut-être vaut-il mieux le faire lorsque vous vous sentirez capable. Si vous vous questionnez sur la façon d’amener ce sujet ou si vous aimeriez être conseillé, vous pourrez trouver des articles sur “comment parler du suicide à des enfants” sur notre site – Je m’informe ou d’autres ressources. 

N’hésitez pas à prendre connaissance de cette plaquette québécoise, spécialement conçue pour savoir comment parler du suicide à des enfants : https://www.mentalhealthcommission.ca/wp-content/uploads/drupal/2021-03/talking_to_children_about_a_suicide_fr.pdf  et de l’article suivant : Parler du suicide à des enfants

L’équipe ESPOIR

Bonjour Nadia,

Nous vous remercions pour votre message et pour votre confiance. La persistance de questionnements et d’interrogations autour des circonstances du décès font partie des éléments qui rendent le deuil après un suicide particulièrement difficile. S’il n’est souvent pas possible d’obtenir l’entièreté des réponses à ces questions, avoir accès à certains éléments supplémentaire peut néanmoins être bénéfique dans le cheminement du deuil.

En cas de décès par suicide, une enquête judiciaire est ouverte afin de constater et préciser les circonstances du décès. Dans ce cadre, un examen médical à l’institut médico-légal (examen externe ou autopsie judiciaire) peut être demandé par le magistrat chargé de l’enquête. Si la famille souhaite accéder à ce rapport, elle peut en faire la demande auprès du magistrat : il s’agit d’un élément de l’enquête, d’une procédure pénale qui ne peut donc pas être transmise directement par le médecin légiste aux proches du défunt.

Si vous souhaitez accéder au rapport d’enquête et au rapport de l’examen médico-légal, vous pouvez donc en faire la demande auprès du service enquêteur du lieu de décès de votre sœur. Cette procédure peut parfois prendre du temps. Par ailleurs, il s’agit de documents qui peuvent être rédigés dans un « jargon » professionnel (policier et médical), ils ne sont donc pas toujours facile à comprendre entièrement et peuvent parfois paraître écrit dans un langage froid et distant. Si vous en avez la possibilité, il peut être plus rassurant de prendre connaissance de ces rapports avec l’accompagnement d’un professionnel (comme votre médecin généraliste) pour pouvoir répondre à d’éventuelles questions de l’ordre du vocabulaire par exemple.

En espérant que cela réponde à votre question, Nous vous souhaitons de trouver le chemin de l’apaisement.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Aline,

Nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous écrire. Vivre le suicide d’un proche est une expérience très douloureuse qui conduit bien souvent la personne endeuillée à investir de multiples défenses pour faire face à cet événement bouleversant (comme la mise à distance des émotions). Ainsi, il est tout à fait normal que votre fils puisse rencontrer aujourd’hui des difficultés à ressentir et partager ses émotions, s’en rendre compte et vous en parler est déjà une étape importante.

Reprendre contact avec ces affects n’est pas forcément évident, cela peut être long et parfois douloureux. Votre fils peut recourir à des médiations artistiques telles que l’écriture ou la peinture pour venir remobiliser ses émotions enfouies, l’art est thérapeutique. Il est également possible de solliciter l’aide d’un thérapeute afin de bénéficier d’un espace d’écoute bienveillant où votre fils pourra partager et mettre en sens sa souffrance et vécus douloureux. En outre, il existe des groupes de parole à destination des personnes endeuillés par suicide, échanger avec des personnes de son âge ayant vécu la même expérience peut s’avérer très aidant.

Sachez que le soutien apporté à votre fils par votre présence et votre écoute est déjà très précieux. Si vous souhaitez échanger directement avec des professionnels formés à l’accompagnement des personnes endeuillées par suicide. Vous pouvez appeler le 3114 qui est accessible 24h/24 et 7 jours / 7, des infirmier.e.s et des psychologues pourront vous apporter des conseils.

Avec tout notre soutien,

L’équipe ESPOIR

Bonjour Jocelyne,

Merci pour votre message et votre témoignage. Nous imaginons la douleur que représente la perte de votre fille.

La perte d’un enfant, quel que soit son âge, constitue une épreuve douloureuse parce qu’elle va à l’encontre du cours naturel de la vie. Si les enfants comprennent au fil du temps qu’ils verront leurs parents mourir un jour, aucun parent ne peut se préparer à voir son enfant mourir. Le sentiment de ne pas avoir su protéger son enfant, même lorsqu’il est adulte, peut également être épuisant et majorer le sentiment de culpabilité et de détresse.

Mais comme vous le mentionnez dans votre question, votre fille était également une mère, une compagne, une amie, une collègue. Avoir conscience de la peine que son décès peut entraîner chez toutes les personnes qui l’aimaient et l’appréciaient amplifie parfois notre propre peine. De même, le rôle de grand-mère que vous endossez se trouve profondément modifié par l’absence de votre fille et voir grandir votre petit-fils vous rappelle peut-être l’absence de sa mère.

Il n’existe bien sûr pas de hiérarchie de la peine et de la détresse, et chacun vit son deuil à sa manière, avec l’intensité qui est la sienne. Les parents endeuillés font cependant souvent part d’un haut niveau de difficulté à surmonter cette peine si profonde. Certains soulignent même qu’il n’existe pas de terme spécifique pour désigner les parents qui ont perdu un enfant, terme qui serait cependant bienvenu tant cette expérience est douloureuse et modifie à jamais l’expérience de la vie, le rapport au monde et aux autres.

Nous vous invitons à consulter les pages du site ESPOIR qui évoquent les effets du deuil après suicide. N’hésitez pas non plus, si vous vous sentez en capacité de le faire, de nous proposer votre témoignage pour permettre à d’autres parents de trouver les clés de la résilience.

Sauf avis contraire de votre part, nous envisageons de pouvoir diffuser votre question et notre réponse sur le site de la plateforme ESPOIR. Sauf avis contraire de votre part, nous nous permettrons d’utiliser votre prénom, sans mentionner bien sûr votre nom de famille.

Nous vous souhaitons de trouver le chemin de l’apaisement.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Michelle,

Merci pour votre question. Nous espérons que la réponse que nous vous apporterons bénéficiera à tous les parents endeuillés par le suicide d’un proche. Pour ces derniers, la crainte que ce décès ait un impact sur le développement de leurs enfants est omniprésente.

Il est légitime de penser qu’un tel événement puisse bouleverser en profondeur le fonctionnement d’un enfant car la mort d’un proche et notamment d’un parent est très déstabilisante. Toutefois, il a été montré que les enfants disposent d’une grande capacité de résilience et de ressources parfois insoupçonnables. Bien qu’ils soient en mesure de pouvoir comprendre et intégrer un événement douloureux, le fait d’apporter à votre enfant une présence et une écoute bienveillante pourra faciliter son travail de deuil.

Parfois, il est possible qu’en grandissant, votre enfant développe certaines vulnérabilités ou fragilités psychiques, voire même des troubles du comportement. Cela dépend des capacités et potentialités de chacun à faire face à un événement douloureux ainsi qu’à l’accompagnement qui peut lui être apporté. En cas d’inquiétudes ou bien si votre enfant en fait la demande, vous avez la possibilité de vous tourner vers un professionnel (psychologue ou pédopsychiatre). Si vous vous sentez en difficulté, ils pourront vous aider à comprendre ces comportements qui vous interrogent, mais aussi vous conseiller sur l’attitude à adopter dans les situations où vous sentiriez le besoin d’être soutenu.  

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rapprocher de la PMI (protection maternelle infantile) de votre région.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Marine, 

Le suicide d’un proche peut plonger dans un tourbillon émotionnel particulièrement déroutant. C’est pourquoi cette question est aussi commune que complexe chez les personnes endeuillées.

La violence du suicide peut conduire les personnes endeuillées dans un grand désarroi et vers une perte de sens globale où il s’avère difficile de rester lucide sur les événements récents et sur notre vie de manière générale. Les émotions qui accompagnent cette perte de sens sont, en elles-mêmes, très ambivalentes. Les sentiments de désespoir, de grande tristesse, de honte, de rejet, de colère et de culpabilité accompagnent souvent la personne à différents moments de leur trajectoire de deuil. Même si nous avons tous pu ressentir ces émotions avant l’événement, celles-ci peuvent paraître plus intenses et incontrôlables que d’ordinaire.

Chez certaines personnes, cette ambivalence émotionnelle peut durer plus longtemps et se manifester plus souvent. D’autres ne passeront pas forcément par toutes ces émotions ou éprouveront des difficultés à en ressentir certaines. L’intensité des émotions dépend de plusieurs facteurs tels que le lien qui vous unissait à la personne ou votre sensibilité personnelle envers les événements négatifs.

Le fait de partager ces émotions à vos proches peut aider à soulager en mettant du sens sur votre vécu, à comprendre ce qui vous traverse actuellement. Si vous vous sentez en difficulté pour gérer ce flot d’émotions, vous avez toujours la possibilité de vous tourner vers un psychologue qui pourra vous aider à mettre des mots sur ce que vous traversez. Des groupes de soutien existent également, où il est possible de soulager votre souffrance en partageant votre histoire.

Au final, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire son deuil. Ce processus se fera différemment en fonction de l’individu car chacun a une manière de fonctionner qui lui est propre. Il est normal de ressentir des émotions ambivalentes durant le deuil. Cet état peut durer plus ou moins longtemps et peut parfois revenir. Le deuil ne suit pas une trajectoire temporelle directe, avec un début et une fin, mais plutôt celui de vagues qui seraient de moins en moins fortes au fil du temps.

Enfin il existe une brochure formulée par l’UNPS (Union Nationale de Prévention du Suicide) qui décrit les différents moments du deuil que je vous invite à lire et que vous pouvez retrouver sur cette page, en cliquant sur « vous êtes en deuil après un suicide » : https://www.unps.fr/nos-publications-_r_77.html

Je vous invite à consulter la rubrique Ce que vous pouvez ressentir sur l’espace Ressources pour une liste non-exhaustive de ces émotions, ainsi que des propos que nous avons pu entendre lors de témoignages.

 L’équipe ESPOIR

Bonjour Flora,

Merci pour votre question et pour votre confiance. Nous savons combien le deuil d’un parent décédé par suicide peut être difficile et confronter à des émotions intenses et des pensées négatives, ce pendant plusieurs années. Les périodes anniversaires peuvent être particulièrement douloureuses, même dix ans après le suicide de son proche. En effet, le souvenir de la personne décédée est ravivé dans ces moments-là et des émotions ou des pensées qui paraissaient ancienne peuvent se réveiller.

Lorsque le niveau d’émotions ou de pensées négatives demeure très élevé après plusieurs années et que cela en vient à impacter la vie sociale, professionnelle ou affective, il est important d’être aidé(e) par des professionnels de santé mentale (psychologues, psychiatres) et par des associations dédiées au deuil pour pouvoir partager ces émotions et pensées. La survenue d’addictions est malheureusement fréquente. Là aussi, des solutions existent et l’accompagnement par des professionnels permet de s’en sortir.

Une première étape pourrait être pour vous d’appeler le 3114, numéro national prévention suicide, disponible 24/24h et 7/7j. Ce numéro gratuit, facile d’accès, vous permettra d’échanger en toute confidentialité avec un professionnel de santé mentale situé près de chez vous (infirmier(e), psychologue), formé à l’accompagnement des personnes endeuillées par suicide, qui pourra vous aider à trouver des ressources près de chez vous. Nous vous invitons également à regarder sur le site ESPOIR la cartographie des ressources existantes en France (https://espoir-suicide.fr/soutiens-existants/ ).

Nous restons par ailleurs disponible pour vous aider à trouver des professionnels et associations dans votre région.

Avec tout notre soutien,

 L’équipe ESPOIR

Bonjour Alain,

Merci pour votre confiance et pour votre message. Nous vous adressons avant tout nos plus sincères condoléances pour la perte de votre fille et partageons votre chagrin que nous imaginons immense.

Le terme de tsunami est très fréquemment utilisé par les familles pour évoquer le drame brutal et soudain que constitue le décès par suicide d’un de ses membres. Les émotions sont intenses, multiples, allant de la tristesse à la culpabilité, en passant parfois par de la colère et de la sidération. Le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur, d’avoir manqué quelques chose peut être très fort. Les circonstances du décès de votre fille peuvent constituer un facteur supplémentaire de désarroi.

Il est important de conserver la mémoire de votre fille en famille, de pouvoir évoquer ensemble les souvenirs heureux pour continuer à faire vivre sa mémoire entre vous tout en partageant vos émotions. Chaque membre de la famille peut faire son deuil à sa manière et ces réactions différentes peuvent perturber la communication au sein de la famille. Evoquer votre fille ensemble, la personne qu’elle était, vous aidera à maintenir cette communication entre vous.

Face à tout cela, les professionnels de santé mentale ou les associations dédiées au deuil sont autant de soutiens possibles. Nous vous invitons à diffuser au sein de la famille l’existence du site ESPOIR où chacun pourra trouver des réponses à vos questions. Vous pouvez également y trouver des soutiens professionnels ou associatifs près de chez vous tels que Phare Enfants-Parents  qui propose des groupes de parole ainsi que d’autres activités destinées aux parents endeuillées en premier lieu. Ne sachant pas votre région de provenance, vous pouvez aller sur soutiens existants   pour voir s’il existe des associations ou professionnels de soins prêts à vous accueillir à proximité, si vous en ressentez le besoin.

Soyez assurés du soutien de notre équipe. Nous restons disponibles pour vous aider dans les semaines et les mois qui viennent.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Clémence, 

Nous vous remercions pour votre question. Le suicide est un événement déstabilisant et nous ne sommes pas nécessairement formés à sa prise en charge. Il paraît donc naturel que vous vous interrogiez sur le sujet.

Tout d’abord, nous entendons qu’être confronté au suicide sur son lieu de travail doit être une expérience particulièrement difficile et éprouvante où la prise de distance n’est justement pas toujours évidente. Dans un premier temps, peut-être serait-il intéressant de questionner vos collègues sur leurs ressentis, peut-être les partagent-ils ? Faire exister sur votre lieu de travail, un espace de partage bienveillant pour déposer et se confier sur vos difficultés pourrait vous aider à trouver une juste distance et vous protéger des vécus difficiles. 

Si vous éprouvez le sentiment que votre difficulté à prendre de la distance face au suicide résonne avec des vécus de pertes douloureux ou bien à des angoisses personnelles, vous avez toujours la possibilité de vous tourner vers un accompagnement thérapeutique. Un professionnel pourra vous aider dans ce travail d’introspection.  

Pour arriver à prendre du recul et vous protéger, vous pouvez vous tourner vers des stratégies de mise à distance telles que des techniques de régulation émotionnelle (méditation, écrire ses pensées) ; ou développer vos propres stratégies, celles avec lesquelles vous serez le plus à l’aise. Si celles qui vous sont proposées ou si vous vous sentez en difficulté pour identifier celles qui vous conviendraient, le soutien d’un.e psychologue pourrait vous y aider. 

Les articles suivants abordent également un certain nombre de techniques que vous pouvez essayer dès à présent : Stratégies pour la gestion du stress et des émotions

L’équipe ESPOIR

Bonjour Myriem,

Face à un tel drame, la question de la reconstruction ou du retour à la « vie normale » peut être source de grande préoccupation. Un événement si bouleversant est nécessairement désorganisant et laissera probablement à vie une trace dans votre esprit. Toutes les croyances et les certitudes que vous pouviez avoir sur le monde se retrouvent chamboulées et vous vous demandez finalement si un jour, il sera possible de s’en sortir.

Effectivement, le travail du deuil peut être long et douloureux. Certaines émotions ou éprouvés paraissent insurmontables ou difficiles à vivre. Toutefois, c’est en vous donnant l’opportunité de le mettre au travail que vous pourrez traverser ce deuil et retrouver un certain apaisement. Vous allez sûrement ressentir une multitude d’émotions et vous poser de nombreuses questions, ce qui est tout à fait normal. La durée du deuil peut être variable selon les personnes, nous vous conseillons de prendre le temps dont vous avez besoin. Au fil du temps, votre souffrance finira par être de mois en moins vive.

Votre famille et vos ami.es peuvent alors constituer une source de soutien pour vous aider à traverser cette épreuve. Si vous ne vous sentez pas prêt.e à en parler avec eux ou si vous pensez que vos proches sont gênés, vous pouvez également vous tourner vers des professionnels du soin ou des associations. Pouvoir partager et échanger avec des personnes ayant vécu la même situation peut être source de soutien et d’étayage.

Au fil du temps, peut-être vous rendrez-vous compte qu’il est possible de prendre à nouveau goût à la vie. Vous n’oublierez pas votre proche, au contraire il pourra devenir une force de vie.

Nous vous conseillons de lire l’article suivant “les stratégies pour faire face à la perte d’un proche par suicide”. Vous y trouverez des exemples de stratégies pour faire face au deuil.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Jeanine, 

Nous vous remercions pour votre question et entendons l’angoisse qui doit vous habiter. Le suicide d’un proche est une expérience bouleversante et particulièrement violente émotionnellement, ce qui peut conduire à une perte de repères et de maîtrise sur son environnement. Il se peut alors que vous éprouviez une crainte que cette tragédie se répète, qu’il arrive de nouveau un malheur à vos proches. Ces angoisses témoignent d’un état de fragilité propre aux personnes endeuillées par le suicide d’un proche. C’est une sorte d’état d’alerte permanente, un mécanisme de défense qui vise à vous protéger de la menace qu’a constitué ce suicide.

Pour retrouver un équilibre psychique et une stabilité émotionnelle, vous avez la possibilité de vous tourner vers des psychologues ou des psychiatres, qui vous aideront à mettre du sens sur votre vécu. Le fait de vous approprier cette expérience traumatisante vous permettra de laisser peu à peu cet état d’alerte derrière vous.

Néanmoins, il arrive que certaines inquiétudes soient fondées. Il se peut que l’un de vos proches verbalise un jour des idées suicidaires ou la volonté de ne plus souffrir. Si c’est le cas, n’hésitez pas à aborder le sujet avec cette personne de manière honnête et bienveillante, en lui témoignant votre présence et votre disponibilité. Ne craigniez pas de le questionner sur la présence d’idées suicidaires : c’est très souvent un soulagement de pouvoir partager ce fardeau.

Si vous ne vous sentez pas d’aborder ce sujet car votre peine et vous angoisses vous en empêchent, ou bien si vous craignez de ne pas être à la hauteur, vous pouvez vous tourner vers des professionnels. Nous vous recommandons d’appeler le 3114, la ligne nationale de prévention du suicide, qui vous permettra de vous mettre en lien avec des professionnels spécialisés sur la question de manière anonyme, 24h/24 et 7j/7. Vous pouvez également prendre contact avec votre médecin traitant ou auprès des professionnels qui vous suivent.

Peut-être que le fait de lire certaines ressources pourra également vous permettre de vous sentir mieux préparée si jamais un proche vous exprime des idées suicidaires. Nous vous invitons à lire par exemple l’article suivant : https://3114.fr/je-minquiete-pour-quelquun/.

Vous trouverez également des témoignages de personnes qui parlent du suicide avec leurs proches sur le lien suivant : https://commentparlerdusuicide.com/vous-etes-inquiet-pour-un-proche/

Enfin, sachez qu’un certain nombre d’associations peuvent vous aider. Pour chercher une association près de chez vous, rendez-vous à la rubrique soutiens existants.

L’équipe ESPOIR

Bonjour Emilie,

Nous entendons votre besoin de comprendre comment votre proche en est venu à décider de passer à l’acte. Il est tout à fait naturel et fréquent que face à un tel événement, vous ressentiez le besoin impérieux de comprendre, de mettre du sens sur cet événement pour arriver à vous l’approprier. De nombreuses personnes endeuillées par suicide passent par cette quête de sens.

Voici quelques éléments théoriques qui pourront vous aider à saisir le fonctionnement de la crise suicidaire. Il est généralement admis que le suicide est un acte à la fois impulsif et spontané. Il est vrai qu’un événement stressant peut précipiter l’état de crise, mais elle se fait généralement de manière progressive. Dans notre quotidien, lorsque nous sommes confrontés à des événements stressants et que nous n’arrivons plus à y faire face, nous nous retrouvons dans un état de vulnérabilité. Cet état se caractérise par des évaluations et des émotions négatives qui vont modifier notre perception de la réalité.

En temps normal, nous trouvons des solutions et sortons de cet état de fragilité. Cependant, certaines personnes confrontées à des événements stressants à répétition finissent par perdre cette capacité à trouver des solutions. Elles entrent alors dans un état de désorganisation. La crise suicidaire débute lorsque la personne voit le suicide comme la dernière et unique solution pour apaiser la souffrance devenue insupportable. On dit alors que les idées suicidaires se cristallisent, jusqu’à l’élaboration d’un plan précis pour un prochain passage à l’acte. La crise suicidaire est également liée à des altérations cognitives (prise de décision, mémoire autobiographique) et à un débordement émotionnel qui vont rendre d’autant plus difficile la mobilisation des stratégies d’adaptation habituelles de la personne.

La durée d’une crise suicidaire est variable d’une situation à une autre : elle peut être de quelques secondes (raptus suicidaire), de quelques jours ou de quelques mois. Ainsi, il est difficile de savoir exactement quand votre proche a décidé de mettre fin à ses jours. Il est normal que le suicide d’un proche laisse un certain nombre de questions en suspens, c’est pourquoi il est important que vous puissiez un jour créer votre propre récit de cet événement douloureux. En vous appropriant cette histoire de manière personnelle, ce besoin de comprendre et cette quête de sens seront moins présents. C’est un processus qui peut prendre du temps.

Si aujourd’hui vous éprouvez le besoin de poser des mots sur ce qu’il s’est passé, il existe un certain nombre de ressources sur la crise suicidaire. Nous vous invitons par exemple à consulter l’article suivant : https://3114.fr/quelques-notions-sur-le-suicide/mieux-comprendre-le-suicide-2/

L’équipe ESPOIR

Bonjour Geneviève,

Nous comprenons que le suicide que vous avez vécu a laissé vos émotions à vif. Aussi vous interrogez-vous sur la souffrance que votre proche a pu ressentir en décidant de mettre fin à ses jours. C’est une question fréquente après le décès d’un être cher.

On peut imaginer qu’à travers cette question, vous êtes en recherche de réassurance sur le fait que la souffrance physique ne s’est pas ajoutée à la souffrance psychique de votre proche. Voici quelques éléments de réponses que nous pouvons vous apporter concernant le processus de la crise suicidaire. À ce moment-là, le corps et l’esprit se préparent au passage à l’acte et le seuil de tolérance à la douleur augmente significativement. Sur ce laps de temps plus ou moins long, la mort peut alors être perçue comme une forme d’apaisement car elle viendrait mettre un terme à une souffrance insupportable. 

Toutefois, ces éléments de réponse peuvent vous paraître incomplets. Peut-être qu’à travers ce questionnement, vous cherchez à mettre du sens sur un événement si déstabilisant qu’il peut vous laisser dans un état de flottement. Dans ce cas de figure, l’aide d’un professionnel pourra peut-être vous aider. Nous vous invitons à consulter notre rubrique « Soutiens existants », peut-être y trouverez-vous les réponses que vous cherchez aujourd’hui.

Enfin, il semble important de rappeler que les personnes en période de deuil peuvent avoir tendance à surinvestir le lien au défunt, quitte parfois à s’oublier. Le fait de rencontrer d’autres personnes endeuillées par suicide peut dans certains cas alléger ce fardeau et faciliter le fait de prendre soin de soi. Nous vous conseillons de lire notre rubrique « Témoignages », peut-être que certains situations pourront vous apporter des éléments de réponse. 

L’équipe ESPOIR

Bonjour Aurélia,

Nous vous remercions pour votre question. Vous vous demandez à quoi pense une personne avant de mettre fin à ses jours. Il est assez complexe de répondre à cette question car chaque personne est unique et ce que pense une personne avant le passage à l’acte ne sera pas forcément la même chose qu’une autre personne. Une personne sur le point de passer à l’acte est tellement dépassée par sa souffrance qu’elle ne peut penser à autre chose que de mettre fin à cette dernière. Ce qui est important de souligner, c’est que la personne qui met fin à ses jours ne souhaite pas causer de peine à ses proches, mais elle est tellement submergée par sa souffrance, qu’il est difficile pour elle de s’en rendre compte. Il peut être tout à fait compréhensible que vous souhaitiez comprendre les dernières pensées de la personne. Mais, bien souvent, ces interrogations restent sans réponse. Le mieux que vous puissiez faire, c’est d’accepter ces zones d’ombres et d’essayer d’avancer dans votre chemin du deuil.

Si vous souhaitez en savoir plus, voici un article qui explique ce que sont les pensées suicidaires https://3114.fr/je-minquiete-pour-quelquun/cest-quoi-les-pensees-suicidaires/

L’équipe ESPOIR