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Accueil - S'informer - Ce que vous pouvez ressentir

Ce que vous pouvez ressentir

Vous lisez peut-être ce document peu de temps après le décès d'une personne, ou des semaines, des mois ou des années après. Cette section se concentre sur certaines des émotions ressenties par les personnes endeuillées et sur les sentiments qui sont intensifiés lorsque le décès est dû à un suicide.
Article traduit par Gilles Robic Article traduit par Gilles Robic
Manifestations du deuil par suicide
16 novembre 2022 15 min de lecture

Le deuil est aussi unique que vous, aussi individuel qu’une empreinte digitale. Chaque personne sera affectée à sa manière, car tout le monde est différent, même au sein d’une même famille. Chaque personne avait sa propre relation avec la personne décédée. L’impact sera également lié à ce qui se passe dans la vie à ce moment-là, les expériences antérieures d’autres pertes, la culture et la foi, et les différents niveaux de soutien disponibles. En outre, pour les enfants et les jeunes, leurs âges, leurs compréhensions et les informations qu’ils reçoivent ont une incidence sur la façon dont ils vivent leur deuil. Les gens ont leur propre façon d’exprimer leurs sentiments. Certains trouvent utile de les partager ainsi que leurs pensées. Pour d’autres, il est très difficile de pleurer ou d’exprimer ce qu’ils ressentent, cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas aussi angoissés que quelqu’un qui pleure. 

Certaines personnes suggèrent comment se sentir (« tu dois te sentir très… ») ou qui vous disent de faire votre deuil d’une manière particulière (« vous devez… »). Ces conseils sont souvent bienveillants, mais chacun vit son deuil de façon singulière. Avant tout, il faut s’écouter et trouver son propre chemin. Il est important de se rappeler qu’il n’y a ni règles ni étapes fixes et qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de se sentir. On peut penser que seule la famille proche est en deuil, mais beaucoup de personnes peuvent être affectées. Un ami proche de la personne, un collègue de travail, quelqu’un impliqué professionnellement dans l’aide avant ou après le décès de la personne peuvent aussi souffrir. Les sentiments présentés ici peuvent donc être ressentis par de nombreuses personnes.

Le deuil par suicide

Une grande partie de ce que vous pouvez ressentir à cet instant serait la même chose si la personne qui vous est proche était décédée soudainement ou après une longue maladie. Pourtant, les personnes qui ont été endeuillées disent qu’un suicide semble intensifier les réactions normales liées à la perte. Par exemple, vous pouvez ressentir une culpabilité plus aiguë par rapport à vos actes, un jugement plus virulent envers quelqu’un d’autre qui, selon vous, aurait pu empêcher le suicide, une colère plus forte contre la personne qui est morte ou un désespoir plus profond.

Ci-dessous, une liste d’émotions pouvant être ressenties par les personnes endeuillées par suicide. Les émotions sont classées par ordre alphabétique, car il n’y a pas d’ordre ou de priorité.

  • Colère
  • Défensive
  • Dépression et anxiété
  • Désespoir
  • Incrédulité
  • Peur
  • Culpabilité
  • Engourdissement
  • Réactions physiques
  • Se languir
  • Remise en question – « Pourquoi ? » et « Et si ?
  • Rejet
  • Soulagement
  • Tristesse
  • Recherche
  • Sentiment d’acceptation
  • Honte
  • Choc
  • Stigmatisation
  • Pensées suicidaires

Comment vous sentez-vous ?

On demande souvent « comment vous sentez-vous ? » et il est parfois impossible de répondre. Lorsque quelqu’un meurt soudainement, vous pouvez être submergé par un tumulte de sentiments et de pensées. Nous explorons ici certaines des émotions qui sont généralement ressenties lorsqu’une personne chère meurt. 

Colère

Les personnes endeuillées ressentent souvent de la colère : contre la personne ayant mis fin à ses jours qui laisse derrière elle tant de douleur. Cette personne qui a laissé tomber tout le monde. Certains sont en colère, car il faut régler de nombreuses questions pratiques sans y être préparé. Ceux qui ont la foi, peuvent être en colère contre leur Dieu. Essayer de trouver quelqu’un à blâmer pour la mort est aussi une réponse courante. La colère peut parfois être écrasante, durer ou disparaître puis revenir, pendant longtemps.

Quand j’ai vu comment ses parents souffraient, son attitude a changé et j’ai ressenti de la colère contre ce qu’elle avait fait. J’étais également en colère contre moi-même car je n’avais pas dit à sa mère que j’étais inquiète pour elle. A l’époque, je sentais que je devais être loyale envers mon amie.

Vicky dont l’amie est morte

Défensive 

L’incertitude quant à la réaction des gens peut amener à se défendre contre eux au cas où ils diraient quelque chose de bouleversant ou poseraient des questions indiscrètes. Parfois, il peut être difficile de baisser sa garde et de parler ouvertement de son ressenti. Certaines personnes disent qu’il est plus facile de parler avec des personnes qui ont également été endeuillées par suicide. 

« Je me demande quand et comment les dominos ont commencé à tomber et quelles actions ont pu empêcher de les mettre en mouvement. Je retourne dans ma tête pour savoir ce qui serait arrivé si nous n’avions pas déménagé, si je n’avais pas quitté mon travail, si nous n’étions pas partis en vacances deux mois avant sa mort, si je lui avais donné plus d’attention, ou plus d’espace, si je lui avais dit plus, moins… ».

Roger, dont la femme est décédée

Dépression et anxiété

Parfois, les personnes ont l’impression de perdre le contrôle de leur santé mentale en raison de l’intensité du deuil. Il peut s’agir d’un sentiment qui va et vient. Parfois, mais pas toujours, ces sentiments semblent profondément enracinés. Il est important de demander l’aide à son médecin généraliste ou à l’une des organisations d’aide à la santé mentale énumérées si cela arrive. 

Désespoir

Les personnes endeuillées par suicide peuvent se demander s’il est possible d’affronter la vie sans la personne décédée. Pour certaines, il peut s’agir d’une pensée passagère, pour d’autres, cela peut devenir un profond désespoir qui les conduit à penser au suicide. Dans ce cas, il faut chercher du soutien auprès de l’entourage ou d’une structure spécialisée. 

« J’ai passé beaucoup de temps à essayer de ‘résoudre’ la raison pour laquelle mon fils avait décidé de s’enlever la vie. J’ai intériorisé tous ces sentiments, ce qui a rendu les choses de plus en plus difficiles pour moi. J’avais juste envie de me mettre en boule et de laisser la vie me passer sous le nez. J’ai fini par atteindre le point de crise et j’essayais désespérément d’échapper à l’angoisse permanente que je ressentais. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que j’avais besoin de partager ce que je ressentais. Cela a été le changement. Depuis que j’ai commencé à parler de ce que je ressens, j’ai trouvé la force pour aller de l’avant. »

Dean, dont le fils est décédé

Culpabilité

Certaines personnes peuvent se sentir coupables d’une chose qu’elles ont faite ou pas faite, dite ou pas dite. Il peut être utile de se rappeler que seule la personne décédée sait pourquoi elle ne pouvait plus supporter de vivre. Le sentiment de culpabilité accablant est peut-être l’une des principales raisons pour lesquelles le deuil par suicide est si douloureux – et ce n’est pas un sentiment qui ne que rarement être atténué par quelqu’un qui rappelle toutes les bonnes choses faites pour la personne décédée. La culpabilité ressentie par la personne endeuillée peut parfois ressembler à un échec. 

« Sa mort a accaparé chaque minute de chaque heure de chaque jour. Les rares fois où j’ai été distraite de ces pensées, je me suis sentie coupable de ne pas ressentir « la douleur » ».

Shirley, dont le fils est décédé

Engourdissement

Certains ont du mal à ressentir quoi que ce soit. Les personnes qui éprouvent cet engourdissement peuvent se sentir coupables de ne pas exprimer leur chagrin en pleurant ou parlant, surtout lorsque d’autres personnes de leur entourage peuvent trouver cela plus facile. Pour certaines personnes, il faut parfois un certain temps avant que la douleur ne se manifeste plus. Il peut alors être difficile de répondre à des questions bien intentionnées telles que « comment vous sentez-vous ? », car la réponse est parfois inattendue.

Réactions physiques

Après le décès d’une personne, il n’est pas rare que les personnes qui restent se sentent physiquement mal, avec des maux de tête, des maux d’estomac et des maladies. La tristesse peut rendre moins résistant contre les rhumes, par exemple. L’appétit et la soif peuvent être affectés ainsi que l’envie de se distraire. Le sommeil peut aussi être perturbé : difficulté à s’endormir, insomnie ou hypersomnie.

La nostalgie

Après le décès d’une personne, il existe une tristesse particulière qui peut prendre la forme d’une nostalgie désespérée de cette personne. Il peut s’agir d’une sensation physique : l’envie de la voir, de la toucher, de la tenir ou de la sentir, et cela peut ressembler à un désir déchirant de la voir revenir, ne serait-ce que pour un instant.

Questionnement – Et si ?

Lorsqu’une personne est endeuillée par un suicide, elle peut avoir le sentiment qu’elle aurait dû ou pu l’empêcher. Toute personne qui a perdu quelqu’un par suicide se demande ce qu’elle a manqué ou aurait pu faire différemment. Les dernières conversations peuvent repasser en boucle dans la tête. On peut s’interroger sur soi-même et sur l’entourage pendant des jours, des semaines, voire des années. Très souvent c’est un soutien, un amour et des soins qui ont pourtant été apportés. De même, les personnes qui s’enlèvent la vie peuvent ne pas avoir fait part de leur désespoir à leur entourage.

« Je me suis donc fait une promesse à moi-même, que je peux respecter certains jours, et pas d’autres : je me concentrerai sur les souvenirs et tous les bons moments que j’ai passés et non pas les « et si » culpabilisants qui ne peuvent m’apporter que de la douleur ».

Amy, dont la mère est décédée

Questionnement – Pourquoi ?

Les personnes endeuillées par un suicide peuvent se retrouver avec une énorme question sans réponse : Pourquoi ?

C’est une question qui peut s’imposer encore et encore, rester sans réponse et qui ne disparaîtra jamais complètement. Les causes du suicide sont très complexes. Différentes expériences et incidences affectent les gens de différentes manières. En vérité, la personne est la seule à savoir pourquoi elle se sentait incapable de vivre

« Après un certain temps, j’ai réalisé que je devais lui laisser la responsabilité de sa décision, quel que soit l’état d’esprit dans lequel il était à ce moment-là, car même si j’avais toutes les réponses aux pourquoi, la réalité, la perte, son chagrin, étaient toujours les mêmes. »

Angela, dont le partenaire est décédé

Le rejet

Même si on essaie de comprendre ce qui s’est passé, on peut se sentir rejeté et penser que son amour et ses soins ont été ignorés par la personne décédée. Ce sentiment peut être particulièrement vrai quand le soutien a duré pendant une période de maladie mentale. On peut également se sentir rejeté par ses proches ou sa communauté. Parfois, l’entourage semble incapable de faire face à ce qui ce qui s’est passé et se retire dans les moments les plus difficiles, ce qui donne le sentiment d’être isolé. Certains ne savent pas comment réagir et ont peur de faire ou de dire quelque chose de mal. Ils n’entrent alors pas en contact avec la personne endeuillée et cela peut être ressenti comme l’ignorance de sa détresse.  

Soulagement

Pour certains, la mort d’une personne est ressentie comme un soulagement – si elles ont été dans une profonde détresse ou douleur pendant longtemps ou si elles ont passé longtemps à craindre qu’elle ne meure. Il s’agit d’une réponse naturelle à une longue période de tension et de stress et ne signifie pas de l’indifférence.

Tristesse

Un sentiment de profonde tristesse peut être la réaction la plus fréquente à la mort d’un proche. Ce sentiment peut durer des années et côtoyer d’autres réactions. On peut avoir l’impression que l’on souhaite le retour de la personne et que la vie redevienne comme avant. Parfois, une profonde tristesse est perçue par l’entourage comme de la colère, un choc ou de la désorientation.

Recherche

Les personnes endeuillées recherchent parfois la personne décédée. Par exemple, aller dans les lieux où la personne avait l’habitude de passer du temps (au travail, à l’école ou dans son endroit préféré) au cas où elle serait là. De même, certains peuvent vouloir éviter ces endroits, maintenant et à l’avenir. Il est également fréquent de penser avoir aperçu la personne décédée, et qu’elle apparaisse en rêve ou que vous vous surpreniez à prononcer son nom.

Sentiment d’acceptation

Il est possible que la mort de la personne soit acceptée comme son choix compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouvait. Les personnes qui ont été endeuillées après la souffrance d’un ami ou d’un parent peuvent ressentir un certain sentiment d’acceptation du fait qu’elles ont décidé de mettre fin à la douleur, ainsi que leur propre tristesse face à ce qui s’est passé. 

« Lorsque j’ai reçu le coup de téléphone, je n’ai pas été surpris. Je savais que mon amie avait des problèmes et j’avais essayé de la soutenir autant que je le pouvais, en lui conseillant d’aller chercher de l’aide et ainsi de suite. Même si j’étais dévastée, j’ai accepté la décision qu’elle avait prise. »

Vicky, dont l’amie est morte

La honte

Un sentiment douloureux de honte ou de détresse peut survenir en pensant peut-être que l’on  a fait quelque chose de mal ou pas fait assez pour empêcher le décès. La honte peut aussi survenir du fait de la façon dont les autres parlent du suicide et de la stigmatisation qui persiste dans notre société.

« Nous avions traversé tant de choses ensemble et je l’avais tellement soutenu. Pourtant, c’est comme si je n’en avais pas donné assez. Ou peut-être ne l’ai-je pas soutenu de la bonne manière ? Pensait-il que je ne me souciais pas de lui ? Est-ce qu’il ne se souciait pas de lui comme je le pensais ? »

Faye, dont le mari est mort

Choc

Le sentiment de choc peut durer longtemps et surgir de différentes manières : avoir l’impression de ne plus pouvoir respirer normalement, comme si quelqu’un nous avait fait un trou dans le corps ou comme si l’on avait pris une grande inspiration et que vous ne pouviez plus expirer. Vous pouvez aussi avoir l’impression de ne plus pouvoir accomplir vos tâches quotidiennes et d’être détaché de ce qui se passe autour de vous.

Stigmatisation

Beaucoup trouvent que le deuil par suicide les marque et complique la façon dont les gens réagissent. Certains pensent qu’il serait plus facile d’expliquer le décès d’une manière différente. D’autres ne savent pas quoi dire. Les personnes endeuillées par suicide disent souvent qu’elles se sentent jugées, ce qui ne serait pas le cas si leur proche était mort d’une autre manière. Il existe un stigmate dans la société sur le fait de parler du suicide, ce qui peut inciter les gens à éviter le sujet.

« J’ai parfois l’impression que les gens définissent la vie de ma mère par sa mort. Elle est stigmatisée par l’étiquette « suicide ». Si quelqu’un meurt d’un cancer ou d’un accident de voiture, il n’est pas blâmé et sa mort n’est pas retenue contre lui comme un défaut de caractère. Mais avec le suicide, j’ai senti que je devais expliquer combien elle était gentille, adorable et généreuse. Qu’elle n’était pas égoïste, qu’elle n’avait pas fait ça pour attirer l’attention, mais parce que la dépression lui avait ôté toute envie de vivre ».

Lucy, dont la mère est morte

Pensées suicidaires

Certaines personnes endeuillées par un suicide peuvent commencer à avoir des pensées suicidaires. Si cela arrive, il faut demander de l’aide. Il est important de partager son ressenti et pouvoir se faire accompagner si l’on se sent vulnérable et désespéré.

« Moi aussi, j’avais des pensées suicidaires. Puis la culpabilité m’envahissait et je me demandais comment je pouvais me sentir ainsi. Comment pouvais-je me sentir ainsi, alors que mes deux autres garçons et mon mari avaient plus que jamais besoin de moi ? »

Shirley, dont le fils est mort

 

Nous espérons que cet article vous a permis d’apporter des réponses aux questions que vous vous posez. Si certaines questions demeurent à l’issue de la lecture, n’hésitez pas à contacter notre équipe via le tchat. Nous prendrons le temps d’y répondre de manière individualisée pour vous aider au mieux.

Article traduit par Gilles Robic
Publié par Article traduit par Gilles Robic
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