Parler du suicide à des enfants
Comment annoncer un décès par suicide à un enfant ?
Tout d’abord, il convient de se préparer :
- Prenez le temps de réfléchir à ce que vous avez ressenti lorsque vous avez appris le décès par suicide de votre proche avant d’aborder la question avec un enfant.
- Vous ne savez pas quoi dire ou vous vous dites qu’il est mieux de ne rien dire mais sachez que l’enfant peut s’inquiéter s’il perçoit que quelque chose de grave est arrivé mais que personne ne lui en parle.
- Privilégiez une conversation côte à côte avec l’enfant pour instaurer plus facilement de la confiance. En effet, parler et écouter sans avoir de contact visuel diminue la pression et permet donc de parler plus ouvertement.
- Soyez prêt à poser des questions mais aussi à écouter ce que l’enfant souhaite dire.
Lors de la discussion :
- Soyez honnête et cohérent dans vos explications sur comment la personne est décédée.
- Evitez les paroles négatives, fausses, abstraites et empreintes de jugements. Par exemple : évitez de dire qu’ « elle s’est endormie », « elle ne souffre plus » etc. Utilisez les mots « mort » ou « décédé ».
- Utilisez un langage adapté à l’âge de l’enfant afin qu’il puisse comprendre. Vous pouvez lui demander quels mots il utiliserait pour décrire la mort. Cela aide les enfants à traiter l’information et à utiliser un langage avec lequel ils sont à l’aise.
- Rappelez à l’enfant qu’il n’est pas responsable de ce qui s’est passé.
- Rassurez l’enfant sur le fait qu’il y’aura toujours quelqu’un pour s’occuper de lui.
- Encouragez-le à poser des questions et soyez prêt à y répondre.
Parler de la mort par suicide d’une personne chère ne se fera pas en une seule discussion. Vous pourriez avoir ces conversations plus d’une fois. En effet, à chaque étape de son développement, l’enfant aura des nouvelles questions car sa compréhension et ses préoccupations vont évoluer. Ainsi, il est important de respecter son rythme et ses besoins.
Compréhension des enfants selon leurs âges
Les recherches menées sur le développement de l’enfant ont montré que les enfants expriment le deuil de façon différente comparé aux adultes. De plus, chaque enfant exprime le deuil d’une manière qui lui est propre. Bien souvent, les enfants expriment leur chagrin par intermittence pendant de nombreuses années après le décès d’un parent, car ils ont du mal à exprimer leurs sentiments et leurs pensées lorsqu’ils sont plus jeunes.
Chez les jeunes enfants (de 2 à 5 ans)
Les jeunes enfants ne comprennent pas que la mort est permanente. Ils peuvent croire que la personne décédée va revenir ou qu’un médecin peut le ramener à la vie.
Chez les enfants d’âge scolaire (de 6 à 12 ans)
Les enfants d’âge scolaire peuvent comprendre que la mort est permanente et que la personne décédée ne reviendra pas. Bien souvent, les enfants d’âge scolaire n’ont pas beaucoup de stratégies pour réguler leurs émotions. Il est probable que leurs réactions soient intenses.
Chez les adolescents (de 14 à 18 ans)
Ils sont capables de comprendre que la mort est bien quelque chose de permanent. Ils peuvent avoir des questionnements existentiels sur la mort.
Ce que l’enfant peut ressentir :
- L’abandon : la personne qui est décédée l’a laissé et/ou ne l’aime pas.
- La culpabilité : s’il l’avait aimé davantage ou s’il s’était bien comporté, la personne serait toujours vivante.
- La crainte : lui-même ainsi que les gens qu’il aime vont mourir aussi.
- L’inquiétude : il se demande qui va prendre soin de lui.
- L’embarrassement : de faire face à d’autres personnes ou de retourner à l’école car il pourrait ne pas savoir quoi dire.
- La colère : contre la personne qui est décédé, ses proches.
- L’insensibilité : il ne ressent rien.
- Le rejet : la personne qui est décédé ne voulait plus être avec lui.
- Le déni : en prétendant que rien ne s’est passé.
Si vous avez déjà donné une explication différente aux enfants
Il peut être difficile pour vous de parler du suicide immédiatement après la mort de votre proche et c’est pourquoi vous avez préféré donner une explication différente à l’enfant. Mais sachez qu’il n’est pas trop tard et qu’il est possible de revenir en arrière et d’expliquer les choses à nouveau. Il est toujours mieux de dire la vérité pour éviter que l’enfant se sente trahi s’il venait à l’apprendre plus tard. En effet, le secret à propos de la mort et le manque de communication ouverte peuvent également entraîner un deuil interminable.
Nous espérons que cet article vous a permis d’apporter des réponses aux questions que vous vous posez. Si certaines questions demeurent à l’issue de la lecture, n’hésitez pas à contacter notre équipe via le tchat. Nous prendrons le temps d’y répondre de manière individualisée pour vous aider au mieux.
Bibliographie :
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Talking to children – Support After Suicide. (s. d.). Consulté 13 juin 2022, à l’adresse https://supportaftersuicide.org.uk/talking-to-children/
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